Les mots, il suffit qu'on les aime pour écrire un poème

Signature of Raymond Queneau

OuLiPo
Ouvroir de Littérature Potentielle

Ce n'est pas un mouvement littéraire
Ce n'est pas un séminaire scientifique
Ce n'est pas de la littérature aléatoire
Ses recherches sont naïves, artisanales et amusantes

odocon

Tristan,

plus serf que sultan, tu panses sans pain, sans plisse, sans thon; tu bines ton sol gelé, sans tracteur, sans droïdes.

bien que tu plantes ton blé, que tu potes ton seigle, ton verger de cistes sacrés parait bien bas, sans troncs

porte tes doléances sans te plaindre, pense sans fabuler, si tu te bats sans te casser tu vaincras,
ta crête parée des vallaires des si tôt battants

trouve ton fort, ta fédération,
créé ta tribu, ton temple,
si ta batisse parait solide, danse!

chez toi, sans tension, sois toi;
sois ton parent ton frère, ta soeur
sois ta descendance, tes fils, tes filles

sors tes bures, tes tasses, tes verres
sers des cavas, vins blancs, des thés

tente des jouissances par variétés
sans prêtres Parses pausant tes pensées
sans pères Chiliens, sommant ta damnation
sans curés Cubains, qui plient tes passions

teste tes tenues, tise ton tison,
tâte des cierges, des battes, des batons,
tends des cordes, torsions sensuelles,
sers par séquence des vives fessées

vois ton futon, pagne signé des sangs des danseuses,
des traces des pisses des serves sidérées

quitte ton fier fiancé qui casse tant ton fion,
chere cavité ductible

quitte ta pétasse bourgeoise qui,
sans jouir des pénétrations doublées,
vexe tes pulsions naturelles

sens tes pulsations,
clame tes pulsions,
trouve ta voie,
prends forme,
figure toi,
cerne toi
viens

tourne, voyage, par trains, par trams
cours, colore ta vie, teint tes braies

sors des caves
sors des cabines
sors des tours

vole vers des vents solaires

célèbre tes potes sanguins sans qui ta vie,
plus que te faire chier,
te ferre par similitudes des poseurs sans voix

s'il adore écrire

Six missiles à dos, Sissy la Miss y mis la sole, la scie, la cire et, docile, adorée, sila Rémy, l'ado:


Miss Sissy: « Rémy ! Mirez là, si Lassie dort et si
la famille Dodo l'a cirée, la scie »

Rémy l'ado: « Si ! »

Miss Sissy: « Facile! la famille l'a dorée, la sole ? »

Rémy l'ado: « Si ! »

escatologie

à Sépolis, le long du sillon des champs de schistes
Thari, le roi Sihk sans turban, sur son renne de chasse
mène le mime ManaM vers les orées de la forêt de cistes
au soir Horace le roquet roux du roi scrute et sasse

dans la forêt, il sent le missionnaire
ce mutant malien sans âme ni mana
et Golla son chat manant vert
et Saltum sa loir de San aux cent cils et

horreur il sent du sang et sans ciller il fuse !

, sur des draps de soie, selles et mictions
le missionnaire, dont le lot est dur et long
forme les soeurs à leur mission
il câline les chattes des cent soeurs honnies
il fore les colons des sages soeurs sonnées

lasses lentes et la luette lustrée
les soeurettes se sentent vibrer
fort mises et fort hissables
sans se seoir se calent dans le sable

le missionnaire le note, les siffle et dit, sévère

« chiez sans choir ces ruches de choix, mes chères »

il lèche les selles des soeurs et les siennes
suce ces collations collante sasse son lait
il le verse sur ses notes et scelle sa missive de Noel

« Cent verres de mixtions acides et des mannes d'or ! »

Les Orgues de Kaamelott
Dame Séli, lasse des lourdes vannes de son Lord alité,
Mène son clan de pilleuses et de tueuses à la guerre.
Elles vont par des bourgs où trainent des gens laids et ridés,
Et passent dans la ville où sont nés de francs gratteurs de misère

Du haut de la palissade, un pion clame:

"Dame Séli,
 Chez nous rodent des lions, ils chassent et traillent aux pieds des lices.
 Sans velle ni lait, nous nous bilons quant à nos fillots et pères
 Sans biches ni cerfs, nous nous minons quant à nos soeurs et mères
 Le lion .. et sa queue .. et ses dents décuplent nos peurs"

Cyniques, les pilleuses se marrent de cette scène de misère
Quant à Nalduck de Crimée, gougne russe aux nattes rousses de sang,
Elle frange ses tifs, vise et lance sa lame sur les troncs de pins,
Tandis que Dame Séli, grasse et bien nantie, crie:

"Tais-toi, sale manant ! 
 Au nom Melik, roi du Niger et Gina, reine des Cimbres
 Par la rage du titan Ya-Bel, nous filons à la guerre! 
 Et mes gens, de la Loire à la Lure, de Caux à Clion, mes gens me blâment!
 Quelle tare cette nation! Quel acteur ce [minion]!"


"Toi, là, elle te veut ci-bas et de si tôt !", dit Nalduck

Et Nalduck le cogna de sa trique de tolle et de houx, 
Les noeuds fins et coniques strièrent sa chair au sang.
Mais, grand acteur, le fûté a bourré ses langes de paille et de souris
et feint ses cris, et par le sang des rats, vend bien son mal.
Dame Séli vit la paille et, sans fléchir, le manant pendu.


"Toi, là, dis-nous où nous rendent ces viaires ?"

"Par monts et par vert, ces viaires filent au Nord, vers la mer!
 Sept lieues vers le gîte, où nous jouissions de la pute et de ses passions,
 Cent Sept lieues vers le lac, où nous compensions ces dures sessions,
 Sept lieues sur le pont flottant, où nous passions par paires"

"Cent-sept et sept lieues? C'est long et nous serons lentes.
 Ce gîte, quel serait son nom ?"
   
"Au Trône de Nerval, Dame Séli"

"Des ragots! Dis-moi, me mens-tu ?"

"Non, Dame Séli"

"Bien, file, mais prime, capitule et donne moi ta ville !"


Séli se hisse et se sied sur sa selle,
sert les lanières de sa bride et de ses pieds, 
percute le flanc de sa mulasse celère, et dit:

"Go! Mes Miennes et Mon Mage! Allons trôner au bar!"



Au Nerval, ce lare public, ce rade de briques ternes sans goût ni classe,

Lococo, le serf au labre cassé, râcle et cure la salle, du rez au toit,
Borg, le curé, cite des pages de prières de son missel et, vil voyeur, 
mate Galia, la pute miste et mi-nue, faire ses flexions du mois.

Quand elle vit la Dame, ses pugners et son Mage, elle dit:
 "Lococo, grand niais, quand la lourde claque au vent, y a du boulot!"
 
Et au Mage:
"Mon mignon, as-tu faim ?
 Tiens, un quignon de pain chaud, du beurre, du brie et du lard,
 Sens-tu ce bol de riz au noix et au dattes? Ma création!

 Mon mignon, as-tu bu ? 
 Tends ta tasse, tiens du thé à la menthe et à la fleur de rose"

Et à la Dame:
 "Chère Lady, gare au curé, à son âge, ça mate et ça tâte
  Et ses gestes si tendres, sa vision si fine, 
  Ta stole de laine et ta chape en vison sont tel du verre
  Sa raison, son voeu: voir ta raie de lune au clair"

Dame Séli:

"Bien, vends-nous, sans ferrer la mule, des pâtes de blé,
 des cades aux blettes et aux champis et des tines de graines.
 De ta nasse, du thon, des lottes et du tadin
 Et, en cadeau, les oeufs pondus par cette gaie quine dans sa cage.
 
 Presse-toi et mon don sera ces liasses de liards
 Mais cause moi et Nalduck te bat"
  

koncepto & realigo de æ

Bruselo · Belgio · Eŭropo